Une nouvelle semaine commence. Le froid s’est installé à Paris. Les épidémies
de rhume et de grippe sont importantes. Beaucoup d’enfants sont absents. La
semaine dernière nous avons travaillé sur le volume 3 de la méthode B
Onnis : « les petits bateaux ». Il y a un vrai changement
d’univers par rapport aux deux autres volumes. Le monde Maritime offre beaucoup
de possibilités et je compte bien mettre en avant tous les aspects de ce
volume. Après la chasse au trésor sur l’île, voici le chant et la croisière.
Le lundi, plutôt le lundi à
l’heure de la sieste, dans la plupart des crèches, dont la nôtre, c’est le jour
où l’on met en place les propositions d’activités de la semaine. Cette réunion
se déroule sous le contrôle de la directrice et parfois d’un intervenant
extérieur. Cette semaine, nous avons la surprise de recevoir à notre réunion,
la visite d’une personne de la mairie. Elle vient nous voir pour évaluer notre
travail et nos éventuels besoins. Chacune d’entre nous explique ce qu’elle fait
et puis arrive mon tour. Je lui explique mes séances avec la méthode B Onnis.
Il semble assez étonné et intrigué. Je lui propose de revenir pour voir en quoi
cela consiste.
Mardi 10 H : c’est devant un envoyé de la mairie que je
commence ma séance. Je lance la musique et je mets les enfants en ligne. Je
respecte les consignes de la méthode et j’attaque directement par l’échauffement
en musique. On sautille sur place, on fait semblant de nager avec les bras mais
aussi on fait le geste de lever les voiles en poussant avec les mains du haut
vers le bas. J’ai déjà remarqué que ce geste était le plus fatiguant pour les
enfants qui doivent faire un effort important.
Pour la deuxième partie de la
séance je mets la musique de la méthode avec une version « moderne »
de « maman, les petits bateaux ». L’écoute de cette version met les
enfants dans un état d’excitation. Comme il est proposé dans le livret
explicatif de la méthode, je divise les enfants en deux groupes :
-
Un groupe qui chante « Théo les petits
bateaux qui vont sur l’eau ont-ils des jambes » en tournant sur eux-mêmes
avec les bras au-dessus de la tête pour faire une sorte de
« couronne » (comme il est précisé).
-
Un autre groupe qui lui répond « Mais oui
ma petite Lola, s’ils n’en avaient pas ils ne danseraient pas ! ».
Ils doivent dans le même temps mettre les bras à l’horizontale et lever les
jambes en alternance.
Dire que mes « élèves »
sont de grands chanteurs serait un peu faux mais, à la surprise générale et
particulièrement la mienne, ils se débrouillent assez bien et bientôt on arrive
presque à avoir une vraie petite chorale.
Je décide au bout de dix minutes
de changer les fonctions de chaque équipe et bientôt nous arrivons à avoir une
vraie petite chorégraphie : les enfants s’amusent beaucoup à lever leurs
jambes ou à tourner sur eux-mêmes.
Quand j’arrête la séance,
l’envoyé de la mairie me prend à part et me dit « Bravo, c’est très
intéressant comme travail, il faut développer ce type
d’initiative ! » Je suis aux anges.
Jeudi 10 h : Après le succès de mardi, c’est avec une grande
confiance que j’aborde cette nouvelle séance. Nous allons travailler sur le
point 8 de la méthode : la croisière ! c’est parti pour le début de
la séance avec un échauffement classique. On saute en l’air, on tend les bras
et on fait le geste de lever les voiles. Ce dernier exercice commence à être
très bien maitrisé par les enfants.
J’explique alors ce que nous
allons faire aujourd’hui : une croisière. Nous allons partir tous ensemble
se promener sur la mer. Ils me regardent alors avec mélange d’excitation et de
joie. Je décide de respecter totalement la proposition sur le livret et je
divise les enfants en trois équipes de cinq.
Pendant ce temps, une des
animatrices de la crèche dispose sur le sol un certain nombre d’objets qui vont
symboliser les différentes terres où les enfants peuvent accoster : chaises,
tapis de sol ou caisses de jouets… Et c’est parti ! Les enfants avancent
en file indienne les mains sur les épaules de celui qui est devant. Etre en
tête de la file est considéré par certains comme important. Ils se disputent
cet honneur. Il faut bien comprendre que celui qui est en tête décide de la
direction et de l’endroit ou vont les autres. Quand je coupe la musique, celui
qui est en tête s’en va à l’arrière et le deuxième prend sa place et la
croisière reprend.
Pour compliquer un peu la chose,
je décide de mettre en place une nouvelle technique qui va consister à avancer
dans un sens précis avec des pas chassés ou je leur demande de lever les genoux
le plus haut possible. Et ce qui devait arriver, arriva. L’une des colonnes de
la croisière s’effondre et tous tombent par terre (sans se faire mal !).
Les enfants rient et bientôt une deuxième colonne tombe à son tour. Mais là au
lieu de se relever, ils se poussent sur le tapis et rient ensemble.
Je décide d’arrêter cette séance
malgré un léger goût d’inachevé !